La loi de 2016 pour la liberté de création, architecture et patrimoine (LCAP) n'a pas seulement créé les cursus préparant à l'enseignement supérieur (CPES) dans le domaine du spectalce vivant. Cette loi a également reprécisé les rôles de l'État et des différents niveaux de collectivités dans l'organisation de l'enseignement artistique spécialisé. Et cerise sur le gâteau, créé un diplôme national sanctionnant la fin du cursus en conservatoire.
Un (très) lent et difficile processus d'élaboration
Plusieurs questions se sont posées sur ce dernier point, rendant difficile la refonte des schémas dorientation pédagogique, désormais rendus obligatoires par la loi. Après plusieurs essais, les discussions ont repris au printemps 2022 sur un projet de schéma national dorientation pédagogique (SNOP), regroupant les SOP par spécialité en vigueur actuellement (musique, danse, théâtre), et les textes transversaux reprenant en introduction, les principes généraux, et donnant des un cadre pour l'élaboration du projet d'établissement et la concertation.
Rédigé par le service de l'inspection du ministère de la Culture, le texte initial, qui a suscité de très nombreuses critiques, a sensiblement évolué grâce aux travaux menés au sein de groupes d'experts. Une nouvelle moûture a été présentée en mars et avril 2023 d'abord aux associations professionnelles, aux syndicats, aux collectivités et pour finir, aux usagers. L'objectif est toujours de publier le SNOP avant la rentrée 2023, au bulletin officiel du ministère de la Culture.
Si ce texte s'applique aux établissements classés par l'État uniquement, il est de fait structurant pour l'ensemble de l'enseignement artistique y compris celui dispensé dans les structures associatives relevant de l'éducation populaire. Ce qui explique l'intérêt porté à ce texte par l'ensemble des acteurs.
Un diplôme national pour remplacer le DEM/C/T
Le nouveau texte définit les attendus du nouveau diplôme national et les modalités d'évaluation. Si ce nouveau diplôme semble positionné à peu près au niveau du diplôme d'études musicales / chorégraphiques / théâtrales (DEM/C/T) actuel, certains points nécessitent encore d'être éclaircis, notamment sur les modalités pratiques de l'examen.
En devenant national, ce diplôme de fin de cycle 3 d'orientation professionnelle perd de fait la souplesse qu'avaient les établissements pour délivrer les DEM/C/T, diplômes d'établissement. Comme le bac, l'évaluation doit être la plus égale possible et s'affranchir des spécificités locales. Autre problématique pratique : l'organisation de jurys regroupant des candidats issus de plusieurs établissements, nécessitant de porter une attention particulière aux modalités d'accès pour des élèves qui pourraient provenir d'établissements éloignés, ou ayant des difficultés de mobilité par manque de transport en commun.
Afin que les familles et les élèves aient une vision plus claire du déroulement des parcours et soient en mesure d'identifier les moments clés de réflexion sur le projet personnel, FUSE a notamment suggéré qu'un schéma des études soit formalisé.
Des propositions et des points d'attention mis en avant par FUSE
Dans le cadre de la concertation menée, FUSE a souhaité porter une contribution travaillée au sein de son conseil d'administration, identifiant des points d'attention et émettant des propositions. La fédération n'a pas souhaité prendre position sur le contenu pédagogique de ce texte, laissant aux professionnels, dont c'est le coeur de métier, le soin de le faire.
En revanche, FUSE s'est penchée plus précisément sur différents aspects qui lui semblaient nécessaire d'approfondir, de développer ou d'intégrer de façon plus explicite dans le texte, ne serait-ce que pour tenir compte des pratiques existantes dans de nombreus établissements :
- décliner de façon concrète et pratique, la notion de droits culturels : association plus importante des usagers à la définition de leur projet et de leur parcours, à la vie et aux orientations stratégiques ou culturelles de l'établissement, participation à la formation à la citoyenneté, développement d'instances de discussion et de décision associant les usagers représentés dans leur diversité, soutien au développement associatif, etc.
- prendre conscience de la fonction sociale des établissements : le conservatoire est aussi un espace d'échange entre différents publics et un lieu de vie pour de nombreux usagers.
- ouvrir l'horizon en matière de réduction des inégalités, en dépassant les seuls aspects matériels (frais d'inscription, équipement, accès aux stages et au soutien) et en prenant en compte l'inégalité de capital culturel et social ou les difficultés du quotidien de certaines familles, pour accompagner leur enfant dans ses apprentissages.
- lutter contre les discriminations et les violences de toute nature.
- développer une culture de la prévention en matière de santé à la fois physique et psychique.
- identifier les articulations avec la scolarité, adapter les cursus et faciliter par une meilleure coordination avec l'éducation nationale, la pratique artistique pendant le temps scolaire, périscolaire et extrascolaire, pousser à l'intérgation des curssus scolaires et artistiques.
- s'assurer de l'égalité d'accès à l'information et aider à l'orientation des élèves, sans jugement sur leur projet.
- (re)donner leur place aux parents, et acter le principe de co-éducation dans l'enseignement artistique.
- limiter la place de l'évaluation pour développer celle de l'expression, notamment lors des présentations publiques.
- accroître les échanges entre spécialités.
Pour retrouver la contribution de FUSE sur le texte du 8 mars : cliquez ici
Pour retrouver le projet de SNOP soumis à la concertation, dans sa version du 8 mars 2023 (attention le texte a déjà été modifié depuis) : cliquez ici