Diplôme d'état de professeur de danse : la réflexion avance
Les professeurs doivent être titulaires au minimum d'un diplôme d'état afin d'enseigner la danse classique, contemporaine ou jazz. A l'image du DE de professeur de musique, le DE de danse doit être repenser pour intégrer l'enseignement supérieur.

Depuis 1989, l'enseignement de la danse est une profession réglementée : les professeurs doivent être titulaires au minimum d'un diplôme d'état afin d'enseigner la danse classique, contemporaine ou jazz. Pour les familles, cette obligation de formation pédagogique est une garantie alors que la pratique de la danse peut conduire à de réels troubles du développement corporel de l'enfant.

Aujourd'hui, l'obtention du diplome d'état de professeur de danse intervient soit après un examen terminal suite à une formation (dont le contenu est imposé) dans un centre habilité par le ministère de la Culture soit après une formation pédagogique de 200 h pour les danseurs des ballets nationaux. 

Les centres de formation habilités à dispenser la formation au DE sont d'une part, les CEFEDEM avec un département danse, et d'autre part, un maillage d'établissements privés. Pour ces derniers, la formation au DE est un volet de l'offre de formation en danse ; de nombreux centres s'appuient également sur leur école de danse dans laquelle peuvent s'effectuer des mises en situation pour les élèves en pédagogie.

Le modèle "enseignement supérieur"

A l'image du DE de professeur de musique, le DE de professeur de danse doit être redéfini à l'aune de l'enseignement supérieur. Cette harmonisation entraine l'intégration des critères propres à l'enseignement supérieur :

  • établissement public autonome (du point de vue de la pédagogie, du financement et de l'administration)
  • avec une gouvernance associant les enseignants et les étudiants,
  • et habilité par l'Etat (via une commission d'habilitation) à délivrer le diplôme d'enseignement supérieur.

L'obligation d'être un établissement public afin de pouvoir bénéficier d'une délégation de pouvoir, a conduit à réviser le statut des établissements d'enseignement supérieur artistique (écoles des Beaux-Arts, pôles supérieurs, Cefedem) dont la plupart étaient sous statut associatif ou établissements en régie d'une collectivité. L'ensemble de ces établissements évolue donc vers un statut d'établissement public de coopération culturelle (EPCC) qui organise les partenariats entre différents niveaux de collectivités et de l'Etat.

Certains Cefedem ont d'ors et déjà intégré les pôles supérieurs comme départements de pédagogie (Nantes, Dijon, Poitiers, Bordeaux, Toulouse, Ile de France). D'autres ont encore un statut d'association, mais devraient progressivement être transformés en EPCC ou intégrer un établissement public existant.

La définition d'un référentiel métier

Contrairement à la situation actuelle, où le contenu des formations est strictement encadré, la réflexion sur la refonte du DE est descendante. Les discussions portent d'abord sur la définition des compétences attendues d'un enseignant en danse, puis sur les outils d'évaluation de ces compétences chez les étudiants. Le contenu pédagogique des formations est laissé à l'appréciation des établissements de formation.

Ce référentiel est établi par une commission paritaire intégrant à la fois des représentants des salariés et des employeurs du secteur, des représentants des centres publics de formation, des professionnels au titre de personnalité qualifiée et des représentants du ministère. 

Ce processus de réflexion est le même que celui qui a conduit à mettre en place notamment les diplomes nationaux supérieurs professionnels (DNSP de musicien, danseur ou comédien), le diplome d'état de professeur de musique ou est à l'oeuvre dans la réforme du certificat d'aptitude (CA). 

Quelle solution pour les centres privés ?

Les centres privés ne pourront pas être habilités à délivrer le DE. En revanche, ils devront passer une convention (une convention type sera proposée par le ministère) avec un EPCC habilité de façon à pouvoir proposer un cursus diplomant complet. Le contenu pédagogique sera défini par chaque centre de amnière à répondre aux compétences nécessaires à l'exercice du métier de professeur de danse. Chaque formation devra être habilitée à l'image de ce qui se passe actuellement, la garantie in fine étant apportée par l'établissement public délivrant le diplôme.

A noter que le parti pris actuel est que les EPCC habilités à délivrer les diplômes soient systématiquement habilités pour dispenser la formation. De facto, cela conduira dans certaines régions (Ile de France, PACA) à créer une offre publique de formation.

Plusieurs points ont à ce stade été soulevés par les centres de formation privés :

  • est-on assuré de la présence d'un EPCC habilité à délivrer le DE de danse dans le territoire de rayonnemement de chaque centre ?
  • comment peut se passer la cohabitation de formations publiques et privées à des coûts fondamentalement différents, les EPCC étant habilités à  former et diplomer, les centres privés à former seulement ?
  • est-ce que cela ne conduira pas à une "tutelle" exercée par les EPCC sur les centres privés ?
  • est ce que la mise en place dans certaines régions, d'une offre publique, ne risque pas de déstabiliser l'équilibre financier des structures en place ?

Après les difficultés rencontrées dans le domaine de la formation pédagogique en musique, qui a conduit à des prises de position parfois très tranchées de la part des différentes structures (pôles supérieurs, conservatoires, Cefedem, Cfmi), le ministère de la Culture sera confronté en plus, dans le cas de la danse, aux résistances normales des écoles privées.

Affaire à suivre donc...


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Mis à jour le 14/05/2012 - Article archivé