Nîmes : les tarifs du conservatoire décuplés !
A Nîmes, l'extension de la tarification sociale Pass Famille au conservatoire exclut les familles les plus modestes de la périphérie et conduit à des hausses de plus de 1000%, sans concertation préalable ni lissage sur plusieurs années.

Coup de chaleur à Nîmes dans les locaux du conservatoire : les usagers viennent d'apprendre le relèvement des tarifs des cours, dans des proportions folles pouvant dépasser les 1000 % en une seule année.

En cause, l'extension de la tarification sociale Pass Famille pour l'utilisation des services municipaux, au conservatoire, qui augmente fortement les plafonds de frais d'inscription et supprime les dégressivités existantes pour les multi-inscriptions (plusieurs cursus, plusieurs enfants).

Ainsi, une famille nîmoise aux faibles revenus (20 000 € de revenu fiscal), avec 2 enfants étudiant danse et piano pour l’un, saxophone pour l’autre, paiera 492 € (contre 32,40€ cette année, +1418% !) et la même famille hors Nîmes paiera 1 965€ (235,35€ cette année, +735% ! et 10% de son revenu annuel...). 

Les tarifs différenciés, l'arme fatale des collectivités

Si l'on peut comprendre le relèvement de tarifs qui étaient parmi les plus faibles appliqués pour les familles les plus aisées, comment expliquer ce grand écart et l'absence de concertation préalable avec les usagers ?

L'absence de lissage sur plusieurs années conduit de facto à des augmentations difficilement soutenables par les familles. Et ce, d'autant qu'elles s'appliquent également à des familles aux revenus modestes, et ne concernent pas seulement les familles "privilégiées" du conservatoire (n'en déplaise à certains, ce ne sont pas seulement les familles les plus aisées qui fréquentent le conservatoire, surtout quand celui-ci a développé diverses actions pour attirer les publics les moins enclins naturellement à s'inscrire au conservatoire).

Ces augmentations annoncées dès la rentrée 2018 mettent nombre de parents en difficulté, excluant pratiquement ceux qui habitent hors agglomération, pour lesquels les hausses sont encore plus  encore plus fortement impactés. Il va s'en dire, que ce changement brutal nous interpelle, marquant de fait un manque d'équité criant au sein de cette agglomération !  

Les usagers ont mis en ligne une pétition, laquelle a déjà gagné presque 1600 signataires. Une manifestation a également eu lieu en ville le 16 mai dernier et une seconde le 26 mai.

La double peine pour les familles modestes des zones périphériques

Si l'évolution des tarifs du conservatoire à Nîmes est tout simplement consternante au regard des ajustements prévus en une seule année, la question des tarifs des conservatoires revient régulièrement sur le devant de la scène à la faveur de modifications plus ou moins concertées avec les usagers. Avec à chaque fois, ou presque, des réactions vives de la part des familles.

Et on peut le comprendre : le budget loisir n'est pas extensible à l'infini, surtout pour les familles pour lesquelles l'équililbre financier est difficile à maintenir. D'autant que souvent, ces augmentations ne sont pas isolées : de plus en plus souvent, tous les tarifs de la collectivité sont relevés de concert. Les familles doivent donc faire face à des hausses simultanées des tarifs de la cantine, des centres de loisir, des crèches et garderies, etc. 

Enfin, jusqu'à quand les villes-centres, souvent bénéficiaires de la plupart des recettes fiscales du territoire (et de l'activité économique), continueront-elles de punir les familles obligées de se loger de plus en plus loin pour des raisons financières ? Pour ces dernières, c'est la double peine : non seulement, elles s'éloignent des équipements municipaux, nécessitant de déployer de véritables trésors d'imagination et de d'organisation pour se rendre au conservatoire plusieurs fois par semaine, mais en plus elles doivent payer une facture sans commune mesure avec les "chanceux" habitants de la ville.

Face à la multiplication de ces mesures d'éviction d'une partie des familles (et ce sont toujours les moins favorisées qui sont les plus pénalisées, puisqu'aucun quotient familial n'est pris en compte), sans remettre en cause la liberté d'administration des collectivités, FUSE souhaite que soit enfin posée la question des politiques tarifaires dans un souci de réduction des inégalités d'accès à l'enseignement artistique public. Dans un contexte où un accès accru à la pratique artistique est largement proné, le signal donné par l'adoption de ce type de grille tarifaire interroge sur la volonté réelle de certaines collectivités d'accompagner ce mouvement.

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Mis à jour le 29/05/2018