Alors que les oreilles des jeunes sont déjà sur-sollicitées comme en témoignent les résultats de l'enquête menée par Agi-Son* durant l'année scolaire 2017-2018 (voir ci-dessous), force est de constater que ce sujet n'est pas une priorité dans les établissements d'enseignement artistique, à l'exception peut-être des départements de musiques amplifiées, les plus sensibilisées.
L'audition, un sujet tabou dans le monde de la musique classique ?
Et pourtant, même les musiciens "classiques" mettent aussi leur audition à rude épreuve : cours dans des salles exigües, à l'acoustique inappropriée, sessions d'orchestre sans protection, concerts avec amplification etc. Nombreuses sont les situations où les oreilles des élèves (et celles des professeurs) sont malmenées. Or si les professionnels sont protégés par le droit du travail, ce n'est pas le cas des élèves comme le rappelle Thibault Roy, directeur de conservatoire, dans une interview donnée en 2017 à La Croix.
Et trop souvent, les parents qui tirent la sonnette d'alarme se retrouvent démunis face aux réponses de l'administration, qui minimise, ou à celles des élus des collectivités, qui tergiversent pour des dépenses en équipements pare-son ou en aménagements accoustiques adaptés.
Pourtant, les musiciens professionnels et pédagogues le disent de plus en plus souvent : s'il faut sensibiliser les jeunes aux risques auditifs dans leurs pratiques d'écoute musicale, c'est également à leur âge qu'il faut s'habituer à porter des protections d'oreilles et à apprendre à jouer de leur instrument ainsi protégé, ainsi qu'en témoignait Carolyn Christie, ancienne flûtiste de l'Orchestre symphonique de Montréal.
Protéger l'oreille du musicien dès les premières années de pratique
Certains conservatoires français ont mené des actions de sensibilisation : les conservatoires du Val d'Yerres ou ceux de Grand Paris Sud Est ont ainsi récemment proposé des cycles de conférences destinés aux enfants, aux professeurs et aux parents. L'association Audition solidarité anime ces actions de prévention depuis plus de 10 ans désormais.
La Semaine du Son, qui se déroule chaque début d'année, comporte systématiquement un volet sur la prévention des problèmes auditifs. Cependant, les lieux d'enseignement restent peu traités en raison de la priorité accordée aux scènes et pratiques amplifiées d'une part, aux professionnels d'autre part.
FUSE souhaite soutenir une prise de conscience tant au niveau des familles que des établissements et envisage de travailler plus avant sur cette problématique.
Enquête Agi-Son : évolution des goûts musicaux, des pratiques d’écoute et impacts sur la santéL’enquête a été proposée durant l’année scolaire 2017/2018, dans le cadre d'un programme de concerts pédagogiques, dont l’objectif est d’apprendre aux collégiens et lycéens à doser leur exposition au son dans leur vie quotidienne.Les concerts ont lieu sur le temps de vie scolaire et ont été accompagnés de questionnaires, diffusés par les enseignants et permettant donc une large diffusion. L'analyse porte ainsi sur plus de 15.000 réponses de jeunes de 12 à 18 ans.
Malgré cela, seul un jeune sur deux ayant ressenti un trouble, en a parlé autour de lui. D'où une prévention indispensable dès le plus jeune âge !
Télécharger l'intégralité de l'enquête : ici
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