La loi du 11 février 2005 a inscrit dans le droit commun l'accession des personnes en situation de handicap à l'enseignement artistique pratiqué en conservatoire. Force est de constater que les élèves en situation de handicap restent rares au sein des conservatoires et que souvent, les modalités de leur intégration nous interpellent.
Intégration ou cursus spécifique ?
Plusieurs établissements proposent désormais des cours dédiés à des élèves, adultes ou enfants, en situation de handicap, ciblant dans certains cas, des handicaps spécifiques (autisme, déficience mentale, etc). S'ils ont le mérite d'exister et de permettre à ces publics de bénéficier d'un accès à l'enseignement artistique, ces cursus les maintiennent en marge des autres publics et ne favorisent ni la mixité ni l'inclusion.
Enfin, souvent, les élèves en situation de handicap n'ont pas le choix du cours, ni de l'instrument, l'accueil nécessitant un accord de l'enseignant concerné. Le projet individuel de chaque élève peut-il être alors respecté ? Pourtant, par souci d'égalité étant dans le cadre d'un service public, il nous semble que c'est au conservatoire de faciliter l'apprentissage de tous et non aux familles / usagers de tenter coûte que coûte, de s'inclure.
"Il n'y a pas d'êtres handicapés, il n'y a que des existences singulières, chacune d'entre elle prend sa forme tout au long d'un itinéraire à nul autre pareil" (Jacky Desdoigts, adjoint au maire de St Brieuc, ancien directeur de l'ADAPEI 22 aux journées d'étude 2019 de Conservatoires de France).
Adapter le lieu, l'enseignement et l'accompagnement
Si la première difficulté à laquelle on pense est celle du handicap moteur et du manque d'accessiblité physique potentiel d'un lieu culturel, la question de l'inclusion de l'élève est de tous les instants : lors de son inscription, qu'il convient de faciliter, lors des différents tests (évaluations différenciées, tiers-temps...) qu'il passera dans son apprentissage etc.
Enfin, le manque de formation des professionnels est un problème est régulièrement soulevé par nos adhérents et par les professeurs eux-mêmes comme un frein pour l'accueil dans de bonnes conditions de ces élèves et la mise en place d'un suivi adapté. Il faut rappeler le rôle essentiel des accompagnateurs, auxilliaires de vie qui entourent l'élève dans le cadre de sa scolarité. Dans le cadre des les cursus à horaire aménagé, une continuité de l'accompagnement doit être envisagée avec l'éducation nationale.
Une rencontre était organisée sur le thème "Handicap et inclusion dans les pratiques musicales" le 19 octobre 2020 par la Plate-Forme Interrégionale d'échange et de développement culturel (PFI), l'association des Professeurs de formation musicale (APFM), l'association des professeurs d'éducation musicale (Apemu), la Confédération musicale de France (CFM), la Fédération nationale des musiciens intervenants (Fnami) et l'Institut français d'art choral (IFAC).
Les vidéos de cette journée sont désormais en replay ici.
Un guide pour un accès facilité aux lieux et aux pratiques
Le ministère de la Culture vient justement de publier un guide destiné aux professionnels de l’enseignement artistique, visant à apporter des informations et des préconisations pour accompagner les établissements dans ces démarches vers une plus grande inclusion.
Au delà des conseils délivrés, il présente des situations exemplaires relevées au sein du réseau des conservatoires et autres structures d'enseignement artistique. Un grand nombre d'entre eux ont en effet mis en place des protocoles d'accueil et des dispositifs adaptés à ces publics.
Le guide est accessible en ligne ici.