C'est une information qui a été relayée par plusieurs médias locaux et nationaux, le conservatoire à rayonnement régionnal de Lille devrait appliquer des tarifications différentiées à la rentrée prochaine, selon le lieu d'habitation des élèves.
Ainsi, les usagers du conservatoire qui n'habiteront pas Lille, Lomme ou Hellemmes vont en payer le prix, et au sens propre, puisqu'ils devront s'acquitter de 1 866 € de frais de scolarité, contre un maximum de 500 € à l'heure actuelle. Cette décision de la Ville de Lille, en réaction à la non-participation financière des communes en question, s'appliquera aussi bien aux nouveaux élèves qu'à ceux ayant déjà entamé leur premier ou second cycle, ou étant hors-cursus.
Pourquoi 1 866 € ? Parce qu'il s'agit d'une estimation du coût réel d'un élève hors participation de la ville sur la base de moyennes tous niveaux et toutes disciplines confondues. Et que la loi interdit aux collectivités territoriales de facturer un montant supérieur au coût du service public proposé.
Ce sont donc les usagers qui trinquent et qui sont pris en otage dans le bras de fer engagé avec les collectivités hors métropole, que Lille métropole espèrent contraindre à participer au financement du conservatoire. Pour les usagers qui ne choisissent pas forcément leur lieu d'habitation ni de travail, qui participent au financement général des collectivités par leurs impôts locaux, cette discrimination est absurde.
Elle met en lumière l'absence de cohérence territoriale dans le service public d'enseignement artistique, participant du sentiment de fracture entre les grandes villes qui concentrent la majeure partie de l'offre de services publics mais également la richesse économique, et les zones péri-urbaines ou rurales.
Et des discriminations selon les disciplines
Qu'y at-il de commun entre la danse, le clavecin, l'art dramatique ou la contrebasse ? Ce sont quelques unes des disciplines qualifiées de rares par Lille Métropole... et bénéficiant donc d'un traitement de faveur.
Les élèves qui sont inscrits dans ces disciplines sont plus chanceux que les autres : ils continueront de bénéficier des tarifs de l'agglomération de même que les élèves inscrits en CEPI (3ème cycle pré-professionnel). C'est en quelque sorte, une concession faite au "rayonnement régional" du conservatoire.
Si l'on comprend la logique de la Métropole : tous les enfants qui suivent des cursus existant potentiellement dans leur commune ou communauté d'agglomération, doivent suivre leurs cours au plus près. Lorsqu'ils sont apprentis danseurs ou comédiens ou encore en voie de professionnalisation, l'offre étant plus rare, ils auront la possibilité de venir au CRR de Lille. Ubuesque !
Grève, pétition et référé : réactions en chaîne
Cette décision cause un préjudice énorme pour de nombreuses familles inscrites au CRR et n'habitant pas les « bonnes » communes. Elle suscite de nombreuses réactions indignées, notamment des parents d'élèves. Ceux-ci ont d'ores et déjà décidé de se réunir pour défendre l'intérêt des jeunes musiciens (ce sont les seuls concernés !), et de saisir la justice en déposant un recours en référé devant le tribunal administratif.
Mercredi 24 mai, des professeurs du conservatoire appelaient pour leur part à la grève, inquiets des conséquences en pleine période de réinscription : 10% des effectifs pourraient ne pas continuer leur cursus à la rentrée de septembre. Un acte de soutien face à une augmentation de tarifs jugée aberrante et contraire à l'idée même de rayonnement régional pourtant largement revendiqué par l'établissement.
Une pétition, qui compte à ce jour près de 4 500 signatures, a aussi été lancée. N'hésitez pas à la faire circuler.
Pour aller plus loin :Télécharger la grille tarifaire de Lille métropoleLire ici et là les articles de La Voix du Nord, ainsi que ceux de 20 minutes ; France Musique et France 3.