Belle session que ce 72ème festival d’Avignon 2018. 43 spectacles en 224 représentations dans 40 lieux. Sur 112 775 billets proposés à la vente, 108 000 billets ont été délivrés soit un taux de fréquentation de 95,5%. Les manifestations gratuites ont comptabilisé 42 800 entrées libres.
La 53e édition du off a accueilli 1 538 spectacles (contre 1 480 en 2017), dont 1 211 présentés pour la première fois à Avignon, 150 à l’adresse du jeune public et 168 venus de l'étranger. Ces spectacles ont été présentés dans 133 lieux, dont 125 théâtres.
L'occasion aussi pour les professionnels d'assister à nombre de conférences et tables rondes et l’occasion pour notre déléguée générale de retrouver quelques uns de nos partenaires : Cofac, Assitej, Anpad, afin d'échanger sur l'éducation artistique et culturelle (EAC) et commencer à travailler sur nos actions 2019.
L'EAC, au coeur des politiques publiques actuelles
Ces conférences-débats ont eu lieu au cours de la semaine professionnelle entre autres qui s'est déroulée du 6 au 24 juillet.
Revenons en particulier sur le débat du 12 juillet intitulé "Le prix de l'éducation artistique et culturelle". Vous pouvez écouter les interviews des intervenants de cette table ronde, réalisées à la suite de cet échange :
- Jean-Gabriel Carasso, directeur de L’OiZeau rare
- Jean-Marc Lauret, chargé de mission d’inspection générale au ministère de la Culture
- Didier Le Corre, directeur de La Garance, Scène nationale de Cavaillon
L'EAC relève d'une triple dimension : le contact avec les œuvres, la pratique, le développement d'un esprit critique, d'une émotion artistique, que l'on peut résumer en trois verbes : voir, faire, éprouver. De manière générale, l'éducation artistique et culturelle est une priorité pour le gouvernement actuel et suscite le consensus, pourtant la généralisation est encore loin.
Et ce, même si les budgets portant sur l'EAC n'ont jamais été aussi importants. De fait, les montants mobilisés par l'Etat restent anecdotiques (10 euros environ par élève) en comparaison des subventions annoncées dans le cadre de DEMOS (2 600 euros par élève) ou dans le cadre d'un orchestre à l'école (600 euros par élève). Il se pose alors la question de la qualité des actions menées dans ce cadre, dans un contexte de tension budgétaire au plan local.
Force est de constater que la place de l’art dans les cursus scolaires demeure marginale même si les partenariats entre acteurs culturels et établissements scolaires se sont développés.
Mais quelle est la place de l'adulte (parent, enseignant et artiste) auprès de l'élève en apprentissage ? Si l'enseignant et l'artiste travaillent en complémentarité dans la classe, se pose la question de la formation (initiale et continue) des intervenants, qui permettrait à l'artiste de gagner en pédagogie et à l'enseignant de poursuivre ce travail en classe une fois l'artiste parti. Le parent quant à lui, qu'il pratique lui-même une discipline artistique ou non, est le premier allié, soutien, de l'élève en formation.
"Se former à l'art, ça sert à quoi ?" quelques exemples...
Mais revenons à une question essentielle posée par l'Anpad en partenariat avec la SACD, le 17 juillet : "Se former à l'art à quoi ça sert ? Enjeux sociaux, éducatifs et politiques". Cette rencontre avait lieu au CRR d'Avignon qui accueille chaque année plus de 2 400 élèves.
Car nous en sommes convaincus, la question n'est pas de savoir si bénéfice il y a à la pratique d'une activité artistique, mais plutôt quels bénéfices selon quelle activité. En quoi une activité est-elle facteur d'émancipation ? D'expérimentation fertile ?
Les intervenants de cette table ronde nous ont livré des expériences et témoignages inspirants :
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la danse avec Virginie Messina, qui présentait les principales conclusions des recherches menées dans le cadre de sa thèse, "Une approche didactique de la danse et de la création chorégraphique : de l’action conjointe chorégraphe/danseurs, à l’action conjointe professeur/élèves à l’école élémentaire ".
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l'écriture théâtrale avec Catherine Verlaguet : comment écrit-on pour le jeune public ? Comment aller au delà des mots et s'écarter de l'ouvrage trop pédagogique ?
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le "théâtre-action" de Laurent Poncelet : le public doit sortir bousculé d'une représentation, dérangé dans ses convictions. L’enjeu est que l’acte théâtral soit présent dans la vie de la cité, qu’il soit un espace de confrontation, d’échange et de lien social.
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le cirque avec le projet "Un cirque dans ma tête" dont la première édition s’est déroulée d’octobre 2016 à février 2018 auprès d’une quinzaine de jeunes de 12 à 15 ans en situation de handicap avec pour objectif principal d'engager les jeunes dans un processus de création et de contribuer à leur autonomie.
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l'improvisation théatrâle et ses bienfaits par Mathieu Hainselin, psychologue spécialisé en Neuropsychologie : cette activité ludique est génératrice, entre autres, de bien-être et mobilisatrice de processus cognitifs favorisant la créativité. Son article "L’improvisation théâtrale à l’école, de Trappes à Cambridge", reprend les principaux éléments présentés.