A l'anonnce du 2e confinement, les écoles, collèges et lycées restant ouverts, nous avions tous espéré que les élèves des conservatoires pourraient poursuivre leur cursus en présentiel. Pour la plupart, ils venaient à peine de retrouver le chemin du conservatoire après 6 mois de cours par écran interposé, et encore, lorsque la continuité pédagogique avait pu se mettre en place.
D'autant que les établissements avaient fait d'importants efforts pour accueillir les élèves avec des garanties fortes en matière de sécurité sanitaire, suivant en celà les préconisations renforcées par rapport à celles de l'éducation nationale, publiées en septembre par le ministère de la Culture.
Retour sur un feuilleton à rebondissements
Las ! alors que Jean Castex évoquait pour la première fois depuis le début de la pandémie, le 29 octobre, la situation des conservatoires, c'était pour annoncer leur fermeture, à l'instar des activités extrascolaires. Et nous voilà repartis comme en mars...
Mais c'était sans compter sur l'opiniâtreté de certains acteurs, comme les associations de directeurs de conservatoire notamment Conservatoires de France, et du ministère de la Culture : finalement, le lendemain matin, le décret publié (article 35) permettait l'accueil des élèves en classe à horaire aménagé, en 3e cycle et en cursus préparant à l'enseignement supérieur (CPES). Au delà du soulagement éprouvé pour ces élèves parmi les plus engagés au sein des conservatoires, l'arbitrage nous a laissé sur notre faim.
Dernier épisode de ce feuilleton : l'élargissement aux structures privées (parmi lesquelles les associations ou certaines maîtrises) remplissant des fonctions similaires aux conservatoires par le décret du 2 novembre, puis par le décret du 6 novembre, aux formations délivrant un diplôme professionnalisant et aux élèves inscrits en section S2TMD, oubliés par le premier texte !
Une application hétérogène sur le territoire
Selon les remontées de terrain que les uns ou les autres avons pu collecter, et partager lors d'une réunion organisée par la direction générale de la Création artistique (DGCA) du ministère de la Culture le 13 novembre, le décret est diversement appliqué dans les collectivités : certains conservatoires se sont saisis du flou autour de la notion de 3e cycle, d'autres ont au contraire strictement limité l'accueil des élèves aux 3e cycles pré-professionnels.
Le sort réservé à certains cursus non diplômants, mais destinés à de futurs professionnels était également variable. Le cycle "concertiste" du CRR de Paris par exemple a dû attendre deux semaines pour une reprise en présentiel, laors que les cursus analogues de Rueil ou Boulogne avaient été intégrés dès le départ.
Enfin, certains cursus partenariaux entre éducation nationale et établissement culturel, ne sont pas considérés comme classe à horaire aménagé (CHA) et n'ont pu reprendre leur activité en présentiel. D'autres établissements ont suspendu les cours de choeur ou d'orchestre à l'école, car favorisant le brassage. Sans compter les difficultés pour accueillir dans les locaux d'établissements fermés (comme le sont beaucoup d'écoles de musique et danse associatives n'ayant pas d'élèves en CH ou en 3e cycle) pour tout autre public, des élèves dans le cadre scolaire.
Des difficultés nouvelles pour les plus jeunes
Alors que le 1er confinement est intervenu après 6 mois de cours, durant lesquels les débutants et leurs parents avaient pu se familiariser avec la matière, le reconfinement a été annoncé quelques semaines après la rentrée, après 3 ou 4 cours. Pour les enseignants, difficile alors de s'appuyer sur des habitudes par encore construites, pour poursuivre un enseignement à distance.
Si, au printemps dernier, les décrochages avaient finalement été rares et les réinscriptions nombreuses, cela ne semble pas être le cas cette fois-ci : des enseignants déplorent ainsi qu'un nombre non négligeable d'élèves n'aient pas repris contact, particulièrement en formation musicale, alimentant les inquiétudes sur une multiplication des abandons en cours d'année.
Ces inquiétudes sont renforcées par la perte de sens des cursus : à quoi sert-il d'apprendre à jouer d'un instrument, à danser pour le faire seul, dans sa chambre ou devant ses seuls parents ? L'annonce de la fermeture des conservatoires au motif qu'il s'agit d'une activité extrascolaire rappelle douloureusement la hiérarchie que beaucoup font : l'école est la seule activité essentielle et obligatoire, tout le reste est facultatif...
Si l'activité physique est indispensable à l'équilibre psychique, il en est de même de la pratique artistique pour tous ceux qui y sont engagés. Alors espérons que des assouplissements interviendront sous peu pour que tous retrouvent leurs lieux de pratique artistique, conservatoires et lieux associatifs.