Plus de la moitié des salariés du spectacle vivant travaillent dans un autre secteur professionnel et y exercent parfois un tout autre métier. En effet, rares sont ceux qui peuvent vivre exclusivement de leur activité. C'est l'une des conclusions tirées par le Centre d'études et de recherche sur les qualifications (Céreq) des travaux réalisés à l'occasion de l'actualisation du Contrat d’études prospectives du spectacle vivant (actualisé en février 2016).
La synthèse s'intéresse à tout salarié du spectacle vivant, dès lors qu'il a été rémunéré au moins 1 h dans l'année, pour une activité relevant de ce secteur.
Force est de constater que la majorité des artistes et techniciens est en deçà du nombre d'heures nécessaires pour bénéficier du régime de l'intermittence. Il est rare qu'une étude aborde le sujet du revenu de l'activité artistique sous cet angle, et interroge la frontière entre l'artiste professionnel, vivant pleinement de son art et l'artiste par intermittence, dont l'activité principale est menée en dehors de ce domaine.
Les auteurs relèvent l'importance de mener des analyses complémentaires auprès de ces dernières catégories, qui peuvent recouvrir des situations extrêmement diverses : des artistes en voie d'insertion, les artistes combinant une activité en lien avec sa qualité d'artiste (enseignement, notamment), ceux qui souhaiteraient vivre de leur art et n'y arrivent pas (situation subie), ceux qui sécurisent leurs revenus par une activité autre (situation choisie), etc.
Si l'on exclut les artistes enseignants dont l'activité principale est l'enseignement, qui de fait relèvent aussi de cette catégorie de polyactifs, cette étude met en lumière tout un groupe de personnes qui pourraient être qualifiées d'amateurs par certains, au regard de la part limitée provenant de leur activité salariée dans le secteur du spectacle.
Cette synthèse apporte un éclairage particulièrement pertinent de la difficulté de définir l'artiste amateur en négatif du professionnel ("est amateur celui qui n'est pas professionnel"), ainsi que nous l'avions pointé lors de notre colloque Profession? amateur!. A l'heure où les discussions s'intensifient sur l'article 11 du projet de loi Création, architecture et patrimoine, cette étude vient rappeler à point nommé, que l'amateur ne se définit pas comme un non professionnel, et que l'hétérogénétité des situations des salariés dans le spectacle vivant mérite de s'interrroger sur la pluriactivité et la polyactivité qui recouvrent des réalités trop souvent occultées.