La fuite début juillet sur la liste restreinte de candidats à la direction du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Lyon a déclenché une polémique qui nous pose question, en tant qu'usagers de l'enseignement artistique mais également comme citoyens.
De quoi s'agit-il ? Il n'est pas si facile de le savoir, en se basant sur les éléments rapportés par La lettre du Musicien, mais certains propos cités sont simplement insupportables. En effet, des enseignants du conservatoire (membres du conseil d'administration) se sont émus publiquement de la procédure de désignation de leur prochain directeur. Jusque là, rien de très normal, au regard des délais de réponse notamment.
Mais ce qui pourrait être parfaitement légitime, devient vite une charge violente à l'encontre de l'un des trois candidats restant en lice pour la nomination finale : Viviane Serry, actuelle directrice du CRR de Nantes. Son tort ? ou plutôt ses torts parce qu'elle cumule plusieurs handicaps : dans un ordre aléatoire, elle est une femme, une danseuse, une personnalité de faible renom, une simple directrice de conservatoire...
Danseurs ou comédiens, victimes d'un déni de compétences ?
C'est assez clair dans les prises de position rapportées, il est hors de propos qu'une danseuse dirige un tel établissement, cela serait de nature à déséquilibrer l'établissement ! On croit presque rêver... et assister à un combat corporatiste d'un autre âge. Plusieurs personnalités du monde de la danse ne s'y sont pas trompées et ont réagi vvement dans une tribune ouverte.
Ces propos et ces comportements ne sont malheureusement pas isolés : combien de fois avons-nous entendu des doutes exprimés envers les compétences des danseurs ou des comédiens pour dirigier des établissements où la musique reste largement dominante ? Sans parler des "comment peut-il évaluer les élèves musiciens, il est danseur"... Ce qui est encore plus étonnant, c'est que jamais ce déni de polyvalence ne s'exprime envers des musiciens pourtant amenés à diriger des établissements accueillant des élèves en danse et art dramatique. Enfin, presque jamais : musiciens de jazz ou de musiques amplifiées, entre autres, ne sont pas toujours accueillis à la tête des établissements avec bienveillance...
Cela nous rappelle à quel point la danse et l'art dramatique peinent à faire jeu égal avec la musique dans les conservatoires, qui restent encore trop souvent des écoles de musique dans l'âme. Alors oui, il serait grand temps qu'un plus grand nombre de conservatoires, en particulier parmi les plus importants, des pôles supérieurs poyvalents, des CNSMD, soient dirigés par des danseur.se.s ou des comédien.ne.s, dès lors que leur spécialité est l'une de celles qui y sont représentées. Dès lors qu'il s'agit d'un artiste, qu'il a les compétences nécessaires et les qualifications requises pour diriger un établissement, que son projet est compatible avec celui de l'établissement, FUSE ne voit aucune justification au maintien de telles discriminations.
En attendant que cette (r)évolution prenne place, amis musiciens, pas de panique : le ministère de la Culture vient de déclarer l'appel à candidature infructueux... La suite à un prochain numéro ?