Force est de constater que très peu d'élèves ont pu reprendre leurs cours de musique, danse ou théâtre après les vacances, et que la mise en oeuvre des décrets liés au deuxième confinement n'a fait qu'exacerber les disparités entre élèves, entre discipline, entre établissements, entre collectivités ou territoires.
Ainsi seuls les élèves inscrits dans des "conservatoires" (établissements labellisés par l'Etat), et encore s'ils sont dans des cursus à horaire aménagé, en 3ème cycle ou en cursus préparant à l'enseignement supérieur peuvent aujourd'hui bénéficier de cours en présentiel. Et encore, une mention ajoutée par le décret du 6 novembre, précise bien que cette possibilité est offerte uniquement pour les cours ne pouvant se dérouler à distance....
Un défaut d'anticipation qui génère des inégalités
A ce jour, selon les retour des familles, il semble que la grande majorité des établissements se soit saisie des possibilités offertes par le décret. Néanmoins, certaines collectivités y ont introduit des restrictions : par exemple, les conservatoires municipaux d'arrondissement de Paris ont fait le choix de ne pas accueillir les élèves en 3e cycle, suscitant l'incompréhension des familles.
Au delà de ces quelques élèves qui peuvent encore travailler avec leur professeur, beaucoup ont de nouveau rendez-vous avec leur ordinateur, une situation particulièrement dommageable pour les plus jeunes (voir article) et qui amplifie les inégalités d'accès à la pratique artistique (parents initiés ou non, fracture numérique etc.).
Alors que le 1er confinement avait pris tout le monde de court, on aurait pu supposer que la situation actuelle serait mieux anticipée. C'est effectivement le cas dans certaines collectivités qui ont équipé leurs professeurs pour leur permettre d'assurer leurs cours à distance (Mulhouse, Grand Paris Seine & Oise par exemple). En revanche, trop souvent, la continuité pédagogique repose sur la bonne volonté des enseignants (c'est le cas à Paris par exemple, où elle est laissée à la bonne volonté des professeurs), leur équipement informatique, leurs systèmes de visioconférence, leurs licences d'application et leur compétence à se saisir des outils numériques sans formation ni soutien... Autant dire que ce n'est pas toujours simple !
Des étudiants en détresse, des écoles en difficulté
De nombreux établissements, notamment les écoles associatives, sont restés fermés : absence d'élèves à horaire aménagés, pas de 3e cycle etc. Beaucoup d'entre eux risquent de connaitre de graves difficultés avec la nécessité de rembourser tout ou partie des frais engagés par les familles, et ont été amenées à recourir au chômage partiel pour leurs enseignants et leurs personnels administratifs, à contrecoeur.
Enfin, faut-il le rappeler, beaucoup d'étudiants en voie de professionnalisation sont à nouveau en grande difficulté, psychique (la situation déjà anxiogène pour les étudiants en général, l'est encore plus lorsque le secteur d'activité auquel ils se destinent est sinistré), financière (arrêt des activités rémunérées) et en termes de trajectoires de formation ou d'insertion (voir article).
Dans ce contexte, et parce que la pratique artistique est pour les élèves engagés dans ces activités e cursus, indispensable à leur équilibre, rouvrons les écoles artistiques de toutes sortes, au plus vite et pour tous les élèves ! Et de grâce, un lundi si possible s'il faut attendre la mi-décembre....