Alors que le bénévolat traverse une mutation, que les politiques peinent à mobiliser les électeurs, que les syndicats ne bénéficient que d'une base très réduite d'adhérents, pourquoi cette question de la représentativité est-elle si souvent posée aux associations ? Et alors pourquoi est-ce souvent pour atténuer (dénigrer?) le message qu'elles portent auprès des institutions et des collectivités ?
D'où parles tu? Nous ne contestons pas la pertinence de cette question. Mais rappelons alors que la légitimité à agir et à participer au débat public d'une association provient d'une part du caractère d'intérêt général de son objet, et d'autre part de son fonctionnement démocratique. Puisque l'on peut créer librement une association, dès lors que celle-ci bénéficie d'un renouvellement régulier de ses instances, que ses actions sont en permanence débattues en son sein, elle est légitime. Ce qui ne sera jamais le cas d'un individu... sauf à intervenir en tant qu'expert.
Auquel cas, s'il est légitime (une légitimité obtenue auprès de ses pairs), il n'est pas représentatif pour autant. Et c'est bien là que réside la force de l'association : passer de l'individu au collectif .Si tout citoyen peut librement y adhérer et que l'association vise à porter la parole de tous au delà de la défense des intérêts de ses seuls membres, alors elle est représentative pour son champs d'action, tel qu'il est défini dans son projet associatif.Tant qu'aucune autre association ne porte une parole différente, elle est même la seule représentative.
N'en déplaise à certains de nos (vos) interlocuteurs qui évaluent la pertinence de nos( vos) actions ou revendications au poids de nos(vos) cotisants.... ou tout autre indicateur qui mesure l'engagement bénévole (le nombre de participants à l'assemblée générale par exemple) et non la représentativité de l'association. Rappelons leur que pour cela, il leur suffit de consulter les statuts, de lire les rapports annuels et de s'assurer d'un fonctionnement ouvert et transparent.
Et lorsqu'il existe plusieurs associations agissant dans le même domaine, avec des orientations plus ou moins différenciées, elles sont toutes représentatives : seules des élections ouvertes à l'ensemble des citoyens concernés peuvent permettre d'en mesurer le poids relatif...
Dans le domaine qui nous concerne, cela nécessite de repenser les modalités de représentation au sein des instances de concertation en matière d'enseignement spécialisé atistique, à tous les échelons : établissement, commissions locales, intercommunales, départementales, régionales etc. Et nous conduit à nous interroger sur l'absence systématique de représentation des usagers dans la majorité de ces instances pas plus qu'elles ne sont envisagées par la future loi d'orientation sur la création artistique ou dans celle sur la décentralisation.
A nous d'agir pour tenter d'y remédier !
Muriel Mahé