Le conservatoire de Lyon vient d'annoncer des mesures de restriction sur les heures d’enseignement des classes à horaire aménagé et, plus grave, la suppression du cursus maîtrise (chant) CHAM, espace de mixité sociale avérée.
Le motif avancé pour ces décisions ? Un constat d'échec de ces classes ? Une absence de demande de la part des usagers ? Un grave dysfonctionnement ?
Non, pire : un déséquilibre du budget du conservatoire consécutif au rappel (par le tribunal) de la gratuité pour les élèves en classes à horaires aménagés musique, danse et chant.
En ce qui concerne la gratuité des horaires aménagés, faut-il rappeler qu’il s’agit de la loi, en tant qu’enseignement obligatoire, qui n'a cessé d'étre confirmé par une série de jugements de tribunaux administratifs depuis 1999 ? La liste des décisions commence à être longue : Bordeaux, Versailles, Nantes, Nancy, Lyon.
Sur la forme, mettre sur le même plan, le respect de la loi, le principe constitutionnel de la gratuité de la scolarité, et la question du financement des études artistiques soulève beaucoup de questions, venant d'élus de la république et de fonctionnaires de collectivités.
Sur le fond, cela en serait presque risible si la situation n'était aussi grave : dire que cette gratuité est de nature à mettre en péril les budgets des conservatoires est inexact. Au CRR de Lyon, cela ne représente que 0,8% du budget total pour l'exercice 2016-2017, alors que pour la même année, le conservatoire a bénéficié du retour des financements de l’Etat, pour lequel la fédération FUSE s'était mobilisée dès l'annonce de la suppression des crédits nationaux aux établissements.
Mais dans tous les cas, la question n'est pas là. Comment peut-on aussi cyniquement proposer la suppression d'un système qui a fait ses preuves en matière d'ouverture et de mixité, d'intérêt pour la scolarité, pour des raisons de coût budgétaire? Comment peut on sacrifier ainsi des enfants sans se poser la question de la responsabilité en tant qu'élu ou agent public, de trouver et développer tous les parcours de réussite ? Comment, à l'heure où l'on s'interroge sur l'opportunité de développer plus largement encore, pour le bénéfice des élèves, des dispositifs musique ou sport études, peut on rayer d'un trait de plume, l'un des exemples de ce qui devrait se faire partout ?
Passé le choc de l'annonce, les parents des élèves concernés réagissent vivement, pour la plupart, avec le CPAC et les associations des établissements scolaires qui accueillent ces classes. Ils comptent interroger le syndicat mixte de gestion du conservatoire quant à l’avenir des CHAM-CHAD au CRR de Lyon et obtenir le maintien des cursus en place.
Plus d'informations : info@cpac-lyon.com