Baisse des crédits aux conservatoires : symbolique, vraiment ?
La part des subventions de l'Etat dans les budgets des conservatoires varient sensiblement d'un établissement à l'autre. Certains sont plus soutenus que d'autres, pour des raisons pas toujours faciles à élucider : volonté de soutenir des établissements dans des environnements difficiles (banlieues, zones économiquement fragiles, zones rurales, etc.), aide au lancement, accompagnement d'initiatives locales innovantes, etc.
La baisse des crédits alloués de 25% n'est pas non plus également répartie sur tous les établissements. Il revient effectivement aux directions régionales des affaires culturelles (DRAC, services déconcentrés de l'Etat) de répartir les fonds ministériels déconcentrés et d'arbitrer au plan local entre les différents établissements et les différents projets : les tensions budgétaires ne sont pas les mêmes partout, les coupes non plus.
Alors, il n'est pas surprenant que ce soit dans les zones moins privilégiées que ces coupes suscitent le plus de réactions. Le conservatoire d'Aubervilliers La Courneuve qui n'a pas encore inauguré ses nouvaux locaux a tiré le signal d'alarme : doté d'un tout nouvel outil, il doit dès à présent sacrifier certains projets pour faire face à la diminution de son budget. Pourtant, ce conservatoire est l'un des plus dynamique en matière de développement culturel au sein de son territoire.
Une nouvelle alerte a été plus récemment lancée par le conservatoire de Douai, lui aussi, pris à la gorge dans un contexte socio-économique fragile.
Les professeurs et les usagers de ces deux établissements tentent par le biais de pétitions et d'articles dans le journaux de faire comprendre au ministère de la culture l'étendue des difficultés auxquels ils ont à faire face et surtout, leur faire ressentir leur désespoir face à l'obligation d'abandonner des projets pour lesquels ils s'étaient investis, en y croyant vraiment : leur réaction doit se lire en creux des énergies développées et déçues, laissant un goût amer d'incompréhension à l'ensemble des acteurs de terrain.
Alors oui ! une baisse très symbolique en l'absence de parole politique forte
Mais au delà des réelles problématiques budgétaires, ce qui déstabilise profondément les conservatoires, c'est l'absence d'une parole ministérielle les concernant : la France s'est dotée en 40 ans d'un maillage de conservatoires agréés, formant et recrutant des professeurs compétents, des équipes admistratives, dans des locaux souvent bien adaptés.
Cela a représenté un investissement d'argent public conséquent. Les équipes en place s'investissent, sont à l'écoute de l'évolution des demandes même si elles peinent parfois à répondre à ce qui peut sembler des injonctions contradictoires.
Et pendant toutes ces années, le Ministère de la Culture a organisé, contrôlé ces établissements, écrit des schémas directeurs, fixé des normes et, plus récemment, précisé le cadre de répartition des compétences en matière d'enseignement artistique (loi de décentralisation de 2004) et les obligations des différents établissements (décret d'application de 2006).
Ce qui manque ajourd'hui de manière cruciale, c'est un discours qui acterait le chemin parcouru et donnerait une vision sur la place de ce réseau public  d'établissements  spécialisés dans l'organisation des démarches éducatives de l'enseignement artistique.
C'est bien ce silence qui laisse les établissements, les professionnels concernés et les usagers amers et désemparés.
En savoir plus sur les conservatoires mentionnés :CRR Aubervilliers-La Courneuvehttp://www.franceinter.fr/emission-les-kids-ballade-au-conservatoire-regional-daubervilliers-la-courneuvehttp://www.petitions24.net/conservatoire_aubervilliers-la_courneuve_crr_93_en_danger CRR de Douaihttp://www.lobservateurdudouaisis.fr/article/09/02/2013/conservatoire-de-douai--jacques-vernier-alerte-aurelie-filipetti/4202