Le CRI de Redon est un conservatoire très intéressant. Outre la qualité des équipes qui y travaillent, cet établissement à la particularité de se situer dans une communauté de pays qui est à cheval sur trois départements (Loire Atlantique, Ille et Vilaine et Morbihan) et deux régions (Bretagne et Pays de la Loire)... Un joli exemple pour montrer qu’un établissement peut vaillamment passer outre les frontières départementales et même régionales en restant sur un territoire local.
Conservatoire de taille modeste, il est néanmoins actif et très implanté dans la vie locale. Malgré des instabilités à la direction (3 directeurs en 4 ans), l’équipe pédagogique est active et impliquée.
Coup de tonnerre dans le ciel redonnais
Courant février, la nouvelle est tombée : le dispositif des CHAM qui avait été mis en place il y a 3 ans sur deux collèges de la ville, Bellevue et Beaumont, va être progressivement fermé puisqu’il n’y aura pas de nouveau recrutement à la rentrée 2016 /2017.
Dispositif récent, il respectait dans la forme et le fond, les directives du ministère de la culture en y intégrant une forte dimension sociale notamment dans le recrutement des élèves. Il devait pleinement se déployer à partir de l’année prochaine puisque que la première génération recrutée serait alors arrivée en troisième.
Mais voilà, professeurs puis élèves (!) et enfin parents ont été tour à tour informés : ce dispositif va être supprimé.
Mais pourquoi donc ?
C'est la question légitime que se sont posées toutes les personnes concernées. Or les responsables semblent avoir à chaque fois une réponse différente à cette même question.
Dans un premier temps, par courrier, des dysfonctionnements pédagogiques importants ont été invoqués. Puis lors d’une réunion le 4 mars, premier revirement : l’efficacité et le professionnalisme des professeurs ont été salués ; il est alors annoncé que cette suppression reposerait uniquement sur des motifs économiques. Enfin, quelques jours plus tard, nouveau changement de cap lors d’un échange entre représentants des parents d’élève de l’association PADEMUS et le conservatoire : ce sont maintenant des problèmes organisationnels qui seraient en cause.
Voilà qui est déstabilisant et qui donne l’impression que cette suppression ne repose pas sur une décision mûrement réfléchie.
Et les familles dans tout cela ?
Intégrer une classe à horaire aménagé pour un enfant, c’est une immersion intense dans le monde musical : cela motive fortement la famille dans son entier.
Les familles concernées et celles qui auraient souhaité y inscrire leurs enfants sont consternées et s’opposent à cette décision. A aucun moment, elles n’ont été interrogées sur leur vécu ni n’ont été averties d’interrogation sur la pérennité du dispositif.
Elles se battent désormais par le biais de l’association PADEMUS pour que la direction du conservatoire revienne sur sa décision.
Quand, comme à Redon, on est face à une réduction du nombre d’habitants, à la complexité de faire vivre une "petite" ville à la fois trop près et trop loin des deux capitales régionales que sont Rennes et Nantes, il est évident que les temps ne sont pas simples
Mais de toute évidence c’est un pari désastreux que de diminuer l’offre culturelle et éducationnelle proposée aux habitants du territoire. Une telle décision est d’autant plus choquante quand elle est prise pour supprimer un dispositif à vocation d’intégration sociale…
Alors souhaitons que la mobilisation des familles permette d’obtenir le maintien de ses classes à horaire aménagé et que si, le seul pays de Redon peine à en supporter la charge, avec deux collèges, deux régions, trois départements, deux rectorats et deux DRAC concernés, il soit possible de trouver les ressources nécessaires pour faire vivre un tel dispositif !