Alors que la France commence à se déconfiner petit à petit avec l’ouverture des commerces notamment, préparant les fêtes de fin d’année, signe pour la plupart d’une trêve quant à cette pandémie qui n’en finit plus, une question se pose encore et toujours. Et l’enseignement artistique dans tout cela ? Délaissé durant le premier confinement, il est durant ce deuxième confinement encore plus touché que les autres secteurs (voir notre article de novembre). Pourquoi ? Car alors que des mesures étaient prises pour que les enseignements scolaires demeurent en présentiel, cela n'a pas été le cas pour les enseignements artistiques à l’exception des élèves en classes à horaires aménagés et ceux en troisième cycle ou en préparation à l'enseignement supérieur.
Une réouverture le 15 décembre sauf pour les adultes et les chanteurs lyriques
Aucune avant le 14 décembre, jour de la publication d’un nouveau décret modificatif. Ce décret n° 2020-1582 du 14 décembre 2020 est une bouffée d’air frais pour le secteur de l’enseignement artistique en ce qu’il autorise enfin les " établissements de l'enseignement artistique relevant du spectacle vivant et des arts plastiques sont désormais autorisés à accueillir des élèves mineurs dans les autres cycles et cursus, sauf pour l'art lyrique " à partir du 15 décembre. Ainsi, les conservatoires et écoles de musique, danse, théâtre, cirque...sont enfin autorisés à rouvrir pour toutes les activités des enfants mineurs à l’exception du chant lyrique.
Concrètement, cela signifie que les établissements d’enseignement artistique, quel que soit leur statut, peuvent accueillir dès à présent en présentiel les élèves mineurs en plus des élèves des classes à horaires aménagés et ceux en troisième cycle de préparation à l'enseignement supérieur qui étaient auparavant les seuls habilités à poursuivre leurs cours.
Cette décision d’interdiction de la reprise du chant lyrique s’explique par la dangerosité de cette pratique sans masque. En effet, les aérosols forment d'abord un panache autour de celui qui les émet, puis se dispersent ou se rassemblent suivant les circulations de l'air propres à chaque lieu. De plus, lors des répétitions des chœurs, les choristes sont à proximités les uns des autres et regroupés par type de voix (ténors, sopranos, etc.) pour bien s’entendre.
Chanter sans masque, un risque trop important
Comme le rapporte un article de Diapason du 24 août 2020, des scientifiques de l’université de Bristol ont établi que le niveau de danger était supérieur en fonction de la taille de la salle, de sa ventilation, du nombre de personne présent, mais surtout du volume sonore. Dès lors, peut-on envisager de chanter masqué dans de bonnes conditions ? Le gouvernement a tranché et répondu par la négative à cette question. Il considère que le risque de cluster de contamination est trop élevé dans ce cadre.
On peut ainsi se souvenir du cluster géant survenu aux Pays-Bas en mars dernier au Amsterdam Gemengd Koor (chœur mixte d'Amsterdam) qui, après un concert de La Passion de Saint-Jean de Bach sur la scène du Concertgebouw, a entrainé quatre morts et la contamination de plus de 100 des 130 chanteurs. Ou encore celui du Mariinsky en septembre où plus de la moitié des 140 choristes ont été contaminés selon le blogueur Normand Lebrecht.
Un article de Diapason du 8 novembre indique à l’inverse que « depuis le début de l'épidémie de Covid 19, aucun cluster de contamination ne paraît s'être formé au sein d'un ensemble instrumental, même parmi les orchestres comportant des pupitres d'harmonie, un temps suspecté de constituer une source potentielle de propagation du virus ». Certains théâtres se sont résignés face à la situation et ont franchi le pas en instaurant le port du masque pendant la pratique lyrique comme le montrent les derniers posts sur les réseaux sociaux de l’Opéra-Comique.
Le masque, accessoire obligé de la pratique artistique ?
Dans ce contexte, de nombreuses activités sont désormais pratiquées avec masque dans le cadre de l'enseignement artistique : cours d'instruments (sauf pour les vents), cours collectifs de culture, chant choral, pratiques instrumentales collectives (orchestre, musique de chambre), danse etc. Une fois passée la gêne ressentie dans les premiers temps, la majorité des élèves s'y est faite. Ainsi, certains jeunes choristes préfèrent chanter avec masque avec une distance raisonnable, plutôt qu'être répartis dans l'espace, sans pouvoir faire corps avec les autres (« c'est plus facile comme ça »).
Alors que la reprise a été partielle pour l'esneignement artistique, certains établissements ayant fait le choix d'une ouverture à la rentrée de janvier, de nombreuses questions sont encore en suspens. Le 27 décembre 2020, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a indiqué qu’un troisième reconfinement n’était pas à exclure. Qu’en sera-t-il alors pour les établissements d’enseignement artistique ? Seront-ils de nouveau fermés comme lors des deux premiers ? Si personne ne peut répondre à cette question aujourd’hui, il est évident cependant que des mesures d’assouplissement, notamment concernant le port du masque, ne sont pas à l'ordre du jour au regard de l’évolution de la pandémie.