Le 12 décembre 2014, le CRY (Centre de Ressources Yvelinois pour la musique) en association avec le réseau régional des musiques actuelles (RIF) organisait une rencontre sur le thème : « Ateliers pédagogiques musique dans le cadre des nouveaux rythmes scolaires, enjeux et premiers retours d’expériences », dans les locaux de la CLEF (St-Germain-en-Laye).
L'objectif était de provoquer un premier temps de concertation, d’échange de pratiques, de prospectives à partir des expériences menées dans ce nouveau cadre organisationnel :
- De quelles compétences, contenus, ambitions éducatives parle-t-on ?
- Quel rôle à jouer pour les acteurs culturels du champ des musiques actuelles ?
Education artistique et culturelle et nouveaux rythmes scolaires
Vincent Lalanne, consultant auprès des collectivités spécialisé dans le domaine des enseignements artistiques, était chargé de rappeler le contexte général dans lequel se placent ces nouveaux ateliers périscolaires, notamment en termes d'articulation avec la politique d'éducation artistique et culturelle portée par les ministères de la culture et de l'éducation nationale.
Il a également fait le point sur la circulaire interministérielle du 3 mai 2013 sur les parcours d'éducation artistique et sur le positionnement des ateliers périscolaires par rapport à l'éducation artistique sur temps scolaire.
En conclusion, Vincent Lalanne a rappelé que la coordination de l'ensemble des temps de l'enfant est menée au plan territorial dans le cadre d'un projet éducatif territorial (PEDT), mais toutes les communes ne s'en sont pas dotées pour l'instant. Or l'existence d'un PEDT sera une des conditions des subventions dispensées par les DRAC en matière d'EAC. Les acteurs sur le terrain doivent dont entrer en lien avec les communes ou intercommunalités, pour les sensibiliser et anticiper l'élaboration du PEDT.
Dans un deuxième temps, trois témoignages se sont succédés.
Des objectifs différents, une pédagogie adaptée
Denis Cuniot, sous-directeur de l'Ariam IDF et Jean-Claire Vançon, conseiller artistique à l'Ariam IDF ont présenté les premiers résultats de l'enquête menée par l'Ariam sur l'implication des conservatoires dans les actions en périscolaire. Ils ont également présenté l'offre de formation élaborée au regard des demandes exprimées dès les premiers mois de mise en oeuvre sur les interventions en milieu périscolaire.
L'aménagement des rythmes éducatif ouvre un champ des possibles permettant de toucher tous les enfants. Dans certaines collectivités, la tentation de réorienter les dumistes sur les temps périscolaires a été forte : or les activités proposées doivent l'être dans le prolongement de l'école et non en substitution. Il faut rappeler systématiquement insister sur le fait que ces temps se déroulent dans un contexte de loisirs, de détente : ils ne doivent en aucun cas être de l'école après l'école.
Paris a souhaité expérimenter différents dispositifs autour de la musique : 80 orchestres et 300 chœurs (un par école) ont été mis en place, portés et coordonnés par les directeurs de conservatoire.
En Ile de France : les 2/3 des conservatoires se sont investis avec des professeurs volontaires. En premier retour, ces derniers retiennent un apport important pour leur pédagogie, notamment en matière de gestion de groupe : mais les objectifs et les répertoires ne sont pas les mêmes que ceux des cours en conservatoire. Le positionnement pour ces temps d'ateliers périscolaires et de leur responsable est donc singulier.
Les musiques actuelles amplifiées présentent effectivement une spécificité par rapport aux autres répertoires, car elles participent directement à leur culture. Et l'école la tient à distance. Donc c'est une occasion privilégiée de rejoindre les deux.
Marcoussis : l'école des arts impliquée
Yann Rutili, directeur de l’Ecole des Arts à Marcoussis (91) (musique, danse, théâtre, arts plastiques) a rappelé l'ambition culturelle de la municipalité depuis 20 ans, visant à développer une part de créativité chez chaque enfant ou adulte. La mise en place des nouveaux rythmes scolaires a été vécue comme la possibilité d'investir un nouveau champ.
L'élaboration du PEDT a donné lieu à une grande consultation, qui a aboutit à répartir les jours d'atelier sur le territoire, pour proposer aux intervenants des contrats plus denses. Les ateliers sont gratuits et sont très incitatifs : tous les enfants sont systématiquement inscrits et les parents doivent faire la démarche de les désinscrire à chaque fin d'atelier (5 semaines) auprès de la mairie. Les enseignants du conservatoire se sont impliqués sur la base du volontariat, sans impacter les dumistes afin de conforter leur positionnement sur le temps scolaire et en binôme avec l'école, tout en s'appuyant sur eux pour la coordination.
La mise en oeuvre a été menée sans budget supplémentaire, en redéployant 2 postes en interne. Les enfants viennent sur place. Les professeurs ont eu toute liberté dans leur proposition, à condition que ce soit différent de ce qu'il y avait déjà dans l'école des arts.
Les questions qui se posent avec un peu plus de recul : domment faire travailler ensemble tous les intervenants autour des enfants? dans quel cadre juridique se déroulent ces activités? quels impacts / articulations par rapport au statut des ensignants spécialisés ?
Accompagner les municipalités et former les intervenants
Vincent Perrin, musicien, créateur de spectacles jeune public, fondateur de la 7ème oreille a souhaité témoigné de la difficulté ed mettre en oeuvre la réforme dans des zones très rurales, disposant de peu de ressources (financières et humaines). Il a insisté sur le manque de réflexion en amont sur les questions d'encadrement des dispositifs (et des personnels) voire sur le cadre d'intervention.
De fait, il faut éviter de laisser les animateurs livrés à eux mêmes dans l'organisation de ces temps qui nécessitent une pédagogie spécifique si l'on souhaite les utiliser pour mettre en place des actions d'éducation artistique. Mais les municipalités ont également besoin d'accompagnement pour penser ces temps et organiser de manière cohérente les ateliers sur leur territoire : entre les textes officiels et la mise en oeuvre effective sur le terrain, l'écart peut être très grand.
En conlusion, les échanges avec les participants ont conduit à confirmer l'intérêt des ateliers périscolaires mis en place dans le cadre des nouveaux rytmes éducatifs, comme terrain d'innovation et d'expérimentation, favorisant le développement d'une nouvelle culture professionnelle, de nouveaux métiers. Les échanges entre les différents acteurs autour de l'enfant restent fondamentaux. Enfin, compte tenu de la diversité des propositions et des expériences, il serait utile de mettre en place un dispositif permettant de faire remonter les expériences du terrain pour partager, sensibiliser. La question de l'évaluation des pratiques se posera également : comment définir une bonne pratique ? comment évaluer l'intérêt d'une proposition pour les enfants ? pour la collectivité ?