Schémas d'orientation pédagogique : à revoir !
Non, les SOP ne sont pas une nouvelle forme de série télé... Mais les textes structurant l'enseignement artistique public. Vieux de plus de 10 ans, ils nécessitent d'être révisés pour intégrer les évolutions de l'enseignement et de la demande sociale

« Existe-t-il un programme pour chaque niveau ? » « Comment fonctionnent les cycles ? » « Pourquoi peut-on redoubler au conservatoire alors qu'on ne peut plus à l'école ? » « C'est quoi le conseil d'établissement ? » etc.

Autant de questions que nous avons tous, à un moment donné ou un autre, entendues en tant que responsables associatifs ou représentants des usagers au sein du conservatoire. S'il n'existe pas de programme officiel à suivre précisément, ou de textes réglementaires précisant les modes de fonctionnement des établissements d'enseignement artistique initial, gérés par les collectivités, le ministère de la Culture et de la communication publie des « schémas d'orientation pédagogique ». Ces textes tracent le cadre pédagogique général d'un enseignement organisé dont ils garantissent la qualité et fournissent des repères pédagogiques communs.

Une mission structurante de l'Etat confortée par la loi

La loi relative à la liberté de création, l'architecture et au patrimoine (LCAP) du 7 juillet 2016 a confié de manière claire à l’État la mission d'élaboration des schémas d'orientation pédagogique comme cadre structurant de l'enseignement public spécialisé : « [L'Etat] définit un schéma national d'orientation pédagogique dans le domaine de l'enseignement public spécialisé de la musique, de la danse et de l'art dramatique [..] ».

Aujourd'hui, les trois spécialités sont dotées de textes spécifiques, auxquels sont adjointes une introduction et des dispositions transversales, qui précisent en particulier le cadre de la concertation au sein des établissements, mais également les lignes directrices pour l'élaboration d'un projet d'établissement, document indispensable dans le cadre du classement par l’État.

Retrouver les textes en vigueur :
- Introduction commune aux schémas d'orientation pédagogique de la musique, de la danse et de l'art dramatique – 2008
- Schéma d'orientation pédagogique de la musique – 2008
- Schéma d'orientation pédagogique de la danse – 2004
- Schéma d'orientation pédagogique du théâtre – 2005
- Dispositions transversales : Le projet d’établissement et la concertation - 2006

Intégrer les évolutions de l'enseignement artistique

L'ensemble du cadre pédagogique a donc été élaboré il y a maintenant plus de 10 ans. Or, l'enseignement artistique a connu de profondes modifications depuis, notamment grâce à la structuration de l'enseignement supérieur. Mais également le renforcement d'initiatives portées par les établissements destinées à élargir le public : orchestres à l'école, ateliers sur temps périscolaire, projets partenariaux avec d'autres structures, projets à vocation sociale (Demos par exemple). Enfin, la loi de 2004 qui créait les cycles d'enseignement professionnel initial (CEPI) et le diplôme national d'orientation professionnel n'a été appliquée que marginalement (région Poitou-Charente et Nord-Pas de Calais).

La création des cursus préparant à l'enseignement supérieur et la suppression des CEPI, qui appartiennent à l'enseignement initial, justifient à elles seules que l'on repense la structuration des différentes étapes de la vie de l'élève de conservatoire.

La loi LCAP, en renforçant la mission d'éducation artistique et culturelle des établissements, conduit également à repréciser le positionnement des conservatoires au sein des territoires et en particlier, à concrétiser leur insertion dans le tissu des acteurs de l'éducation artistique et/ou populaire.

Intégrer l'évolution de la demande sociale

En effet, force est de constater que les usagers des conservatoires ont changé, comme la société en général : plus connectée, mais également plus sollicitée, plus inquiète face à l'avenir, et plus en recherche d'épanouissement individuel. La volonté d'une plus grande mixité et d'une ouverture accrue à des publics moins familiarisés avec l'institution « conservatoire » nécessite également de repenser l'organisation de la formation et les modalités d'évaluation.

Enfin, la double vocation des conservatoires, en partie occultée au cours de la décennie écoulée, doit être assumée pleinement: concilier une formation amateur de qualité avec l'enseignement initial de futurs professionnels, en préservant la possibilité du choix d'orientation de l'élève tout au long de son cursus, est une nécessité pour les établissements, les artistes-enseignants, les collectivités mais également les usagers.

Un débat dans lequel FUSE portera la parole des usagers

Les schémas doivent être réécrits, c'est donc une évidence largement partagée. Et ce sont les inspecteurs du ministère de la Culture (ceux qui sont chargés de l'évaluation pédagogique des établissements) qui tiendront la plume.

Cependant, comme la plupart des textes, ces derniers seront soumis à la concertation : dans quelle mesure nos demandes seront écoutées ? Nous n'en savons rien, mais nous rappellerons quelques principes que nous souhaitons voir clairement exprimés :

  • placer l'enfant / l'élève / l'amateur sujet, au coeur de l'enseignement artistique ;
  • ce qui suppose notamment de prendre en compte le projet de l'élève, ses attentes et ses motivations comme base de la construction de son parcours ;
  • cela amène également à avoir une vision plus large (et valorisante) de son parcours (y compris sur temps scolaire ou périscolaire), à réfléchir à l'organisation (dans l'espace et le temps) et à penser les passerelles lui permettant d'évoluer d'une structure à l'autre, d'une étape de son projet de pratique artistique à une autre, dans une vision dynamique et constructive ;
  • cela conduit également à penser autrement la place des familles et des accompagnants ;
  • enfin, réfléchir au conservatoire comme un tiers lieu au sein des communes, ce qui nécessite d'adapter les lieux, les règles de vie, les modes de gestion pour plus de co-construction.

Nous serons particulièrement attentifs à la reconnaissance du rôle incontournable des familles dans l'accompagnement (dans toutes ses dimensions) du jeune pour un parcours réussi (c'est-à-dire ayant permis son épanouissement grâce à la pratique artistique). Et bien sûr à la réaffirmation du rôle des représentants des usagers, et en priorité des associations, comme partenaires à part entière des établissements, participant aux décisions structurantes sur les sujets les concernant au premier chef.

Affaire à suivre, avec notamment un débat le 17 mars, à l'occasion de l'assemblée générale de FUSE.

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Mis à jour le 28/02/2018