Une consultation nationale en un temps record
Aurélie Filippetti avait clairement affirmé que l'éducation artistique et culturelle était une priorité de son ministère. Le 21 novembre, elle a lancé une large consultation, dont le pilotage était confié à un comité présidé par Marie Desplechins (Jérôme Bouët, inspecteur général des affaires culturelles, en est le rapporteur). Les délais fixés étaient ambitieux : auditions jusqu'au 7 décembre, réception des contributions écrites jusqu'au 10 décembre, rapport final remis fin décembre !
Composé d'élus et de personnalités du monde de la culture, de la recherche et de l'éducation, ce comité a procédé à des auditions intensives d’organismes institutionnels et associatifs représentatifs des acteurs œuvrant en faveur de l'éducation artistique et culturelle. Il a également sollicité des contributions écrites de la part de nombreux organismes dont la réflexion alimente directement ses débats et vient enrichir ses échanges, parmi lesquels FUSE.
Une structuration autour de cinq thématiques
Afin de guider les contributions, la réflexion a été structurée en cinq axes regroupant plusieurs problématiques :
- Développer et articuler les actions proposées aux jeunes pendant leurs différents temps de vie.
- Favoriser une approche territoriale et partenariale de l'éducation artistique et culturelle
- Prendre en compte la diversité des modes d'accès des jeunes à l'art et à la culture
- Le numérique et les nouveaux médias: quelle place dans l’éducation artistique et culturelle
- Mieux former les acteurs
Pour en savoir plus sur la méthode, le calendrier, les contributeurs : un site spécifique a été mis en place. Pour consulter toutes les contributions : cliquez ici
Le rapport sera rendu public fin décembre 2012 et des orientations nationales définies sur cette base.
Retrouvez ci-dessous la version synthétque de la contribution de FUSE ou téléchargez la version intégrale.
Les 26 propositions de FUSE pour développer l’accès à la culture et la pratique artistique des jeunes |
Axe 1- Développer et articuler les actions proposées aux jeunes pendant leurs différents temps de vie L’école tout comme la structure d’enseignement artistique dans laquelle l’enfant peut être inscrit, considère que l’enfant doit centrer son temps, son énergie et son travail autour du projet qu’elle propose. L’enfant est donc écartelé entre des injonctions contradictoires. S’y ajoutent les contraintes liées à l’organisation de la vie familiale : très vite, l’emprise sur le temps de l’enfant devient déraisonnable et conduit les familles à renoncer à l’enseignement et la pratique artistique.Ces derniers sont de ce fait trop souvent réservés à des jeunes capables de tout mener de front (et de ce fait pleinement valorisés) alors que d’autres, pourtant motivés, se voient contraints de « se recentrer » sur leurs études. C’est nier l’apport réciproque et les synergies importantes entre les apprentissages scolaires et artistiques.1.1 – Réaffirmer que l’enfant est un tout non partageable et que la coordination de ce qui lui est proposé est une priorité, en mettant en place un livret « de parcours artistique » qui ferait le lien entre les différentes structures 1.2 - Réaffirmer le caractère d’intérêt général de l’accès à l’enseignement et la pratique artistique et par conséquent, leur inscription dans un principe de non-lucrativité 1.3 - Préserver les propositions déjà existantes sur le temps scolaire permettant de concilier pratique artistique et cursus scolaire et les développer, tout en les articulant 1.4 - Organiser et intensifier la proposition artistique du lycée 1.5 - Tous les dispositifs relevant d’un partenariat école-structure d’enseignement artistique doivent être partie intégrante des projets des deux établissements Axe 2- Favoriser une approche territoriale et partenariale de l'éducation artistique et culturelle La France dispose d’un maillage riche d’établissements et de structures participant à l’éducation artistique et culturelle, grâce à l’investissement important des collectivités territoriales et au dynamisme du réseau associatif. L’éducation artistique mais également l’enseignement et la pratique relèvent de l’intérêt général ; l’accès de tous doit être garanti dans des conditions équivalentes sur l’ensemble du territoire et quels soient les domaines et les esthétiques.L’offre est cependant inégalement répartie sur le territoire et repose trop souvent sur les choix de politique culturelle des différents niveaux de collectivités : la cohérence d’ensemble est peu apparente, générant des redondances préjudiciables à l’équilibre des structures associatives ou des manques criants, contribuant à accroître l’inégalité d’accès des citoyens aux dispositifs proposés.Par ailleurs, l’association des citoyens dans la définition des politiques territoriales en matière d’éducation artistique reste très limitée conduisant à ce qu’élus, fonctionnaires de l’état ou des collectivités et artistes déplorent le développement de comportements « consommateurs » parmi les usagers. Pour être pleinement profitable, l’éducation artistique doit s’ « adresser » à la fois aux élèves et à leurs familles.Il convient aussi de ne pas oublier que c’est la famille qui pilote le projet de vie : il faut donc l’intégrer à l’approche partenariale de l’éducation artistique et culturelle.2.1 - Améliorer la lisibilité des différents intervenants en créant des labels transparents et fiables 2.2 - Améliorer la connaissance de l’ensemble du dispositif territorial d’éducation artistique 2.3 - S’appuyer sur les établissements publics (conservatoires, scènes nationales, etc.) comme centre ressources pour l’ensemble des partenaires 2.4 - Prévoir systématiquement dans les projets de construction (ou de rénovation) d’établissements scolaires ou de l’enseignement supérieur, la réalisation d’un auditorium permettant d’accueillir des spectacles extérieurs ou l’expression des projets artistiques des élèves 2.5 - Elaborer, mettre en oeuvre et évaluer un schéma régional d’expression artistique 2.6 - Mettre en place un fonds de mutualisation/péréquation finançant les enseignements artistiques 2.7 - Mettre en place un comité régional des enseignements artistiques Axe 3 - Prendre en compte la diversité des modes d'accès des jeunes à l'art et à la culture Les pratiques culturelles des jeunes se maintiennent voire progressent en volume, mais évoluent dans leur contenu. Il faut noter l’abondance de l’offre (et sa grande qualité) à destination des jeunes publics : spectacles, littérature, expositions, etc. Le développement du numérique, dès lors que les jeunes disposent d’un accès, ouvre à l’extrême les horizons culturels si tant est que la curiosité soit au rendez-vous.Mais il s’agit trop souvent de placer l’enfant et le jeune dans un rôle de consommateur. La pratique artistique, chronophage et nécessitant une implication plus importante, est malmenée : trop peu de jeunes s’y inscrivent soit pour des raisons de choix soit pour des raisons matérielles.3.1 - Maintenir voire accroître les possibilités d’accès des jeunes au spectacle vivant 3.2 – Améliorer la lisibilité des offres tarifaires des lieux de spectacle 3.3 - Prêter une attention particulière à l’accès en transports publics des lieux de spectacle 3.4 - Valoriser la pratique artistique comme indispensable à l’équilibre de l’enfant 3.5 - Donner leur place aux familles, dont le rôle est capital dans l’inscription dans une pratique artistique 3.6 - Développer (créer le « besoin impérieux ») la pratique artistique (musique, danse, théâtre) dès la maternelle en généralisant l’éveil et l’initiation, et en les localisant dans l’école 3.7 - Développer les classes à horaire aménagé, classes à PAC, classes orchestres ou tout autre configuration structurée autour d’un projet de pratique artistique collective ou d’une pratique artistique soutenue 3.8 - Mettre en place des cursus scolaires en lycée permettant de valoriser les pratiques artistiques des adolescents et de les accompagner dans des choix d’activités souvent dévalorisées par leurs pairs 3.9 - Préserver la filière TMD 3.10- Mettre en place les passerelles (reconnaissance des acquis) encore trop rares entre les projets menés dans le cadre de l’école et les structures d’enseignement artistique, mais également entre structures d’enseignement artistique Axe 4- Le numérique et les nouveaux médias: quelle place dans l’éducation artistique et culturelle Le numérique dans l’éducation artistique n’est pas une fin en soit mais un outil. On note que cet outil qui est profondément structurant est en cours d’appropriation par les institutions. Le nouvel enjeu qui consiste à d’apprendre à valoriser le parcours individuel de l’élève et sa propre acquisition des connaissances est une question transversale qui parcourt toutes les formes d’enseignement et de transmission.4.1 - S’appuyer sur les médiathèques de structures agréées d’enseignement artistique comme centres ressources pour l’accès à la culture numérique 4.2 - Créer un portail à destination des jeunes permettant d’accéder aux fonds documentaires et aux oeuvres Axe 5- Mieux former les acteurs La formation des enseignants quelque soit la discipline, est toujours compliquée en France du fait de sa non intégration dans le système de grade universitaire.Dans un monde éducatif et artistique qui tend à la mutualisation des moyens il est incontournable que chacun des acteurs soient formé pour apprendre à travailler en partenariat. Et en attendant qu’un véritable éducation artistique soit entrée dans le socle commun de chaque élève à l’école, il faut que tous les futurs enseignants et enseignants soient sensibilisés aux enjeux de l’éducation artistique et culturelle afin de mettre en route une véritable dynamique.5.1 - Reconnaître les compétences des personnes formées quelles que soient les structures d’exercice de ces compétences 5.2 - Intégrer dans toutes les formations, une formation à l’outil informatique et aux logiciels servant à la création artistique, montage, enregistrement, diffusion |