En 20 ans, la perception des musiques actuelles et des lieux qui les accueillent a beaucoup évolué.Leur mission aussi. Principalement tournées au départ sur les problématiques de diffusion et d'accueil des jeunes en tant que public, les scènes de musique actuelles sont maintenant devenues des "lieux" préoccupés de transmission, d'accompagnement, d'actions en milieu scolaire, vers des publics "empêchés", tout en conservant une action dynamique de diffusion...
La dénomination "démarche éducative" permet d'évoquer un champ très large d'actions : enseignement, accompagnement, animation, éducation... Tous ces projets ont leur identité, leur spécificité. Certains sont pérennes, d'autres ponctuels.
En séance plenière, Jean Gabriel Carasso a posé quelques jalons sémantiques afin de faciliter les échanges et les réflexions ; Opale et la Fedelima ont présenté les grandes lignes des résultats de l'étude menée sur l'action culturelle des structures de musiques actuelles. Des projets qui sont de plus en plus présents dans les activités des scènes de musique actuelle.
Le travail s'est ensuite poursuivi en 6 ateliers : pratiques éducatives dans les musiques actuelles et.... territoires, éducation, actions en milieu carcéral, actions en milieu scolaire, santé prévention des risques, sciences et outils numériques.
Bob Revel nous a donné un bref aperçu de son rapport sur les musiques actuelles, rapport commandé par le ministère de la Culture et remis l'été dernier. L'objet en était d'observer l'évolution de la place faite au sein des conseravtoires à ces pratiques depuis la dernière enquête de ce type mené il y a 10 ans (il faut noter que dans ce cadre, le terme "musiques actuelles" recouvre le jazz, les musiques traditionnelles et les musiques actuelles amplifiées). Le rapport dans son intégralité peut être téléchargé ci-dessous.
Il ressort de tous les ateliers un même constat : un énorme besoin de dialogue, de co-construction, d’échanges d’humains. La question de la représentation qu'on peut se faire de telle esthétique et de telle structure est un frein considérable. Les frontières entre le monde des musiques actuelles et des musiques "classiques", des SMAC et des conservatoires semblent difficile à gommer : en 20 ans, il semble qu'il n' y ait finalement eu que très peu d'évolutions de ce côté là.
Paradoxalement sur le terrain, si les structures restent assez statiques, usagers comme professionnels font l'aller et le retour entre ces différents espaces ; ils appellent à plus de cohérences et souhaitent pouvoir mieux valoriser leur expérience, leur parcours.
Jean Gabriel Carasso en concluant ces journées, a fait l'éloge de la complexité et a renvoyé les professionnels à un certain nombre de questions incontournables afin que tous leurs projets aient un sens :
- Qui parle? est-ce l'artiste, l'intervenant dans une démarche éducative (qui s’oppose à l’artistique ?), le médiateur, l'enseignant ?
- Qu’est ce qu’on fait ? de l' éducation pour l'art, par l'art ou avec l’art? ou les trois à la fois ?
- Avec qui travaille-t-on ? un territoire géographique ou administratif, un public mais lequel : un public en souffrance ? en construction ? tout public ? Ne jamais oublier qu'au delà des contextes dans lequel se font les rencontres, il s'agit toujours d' individu. Qui est en demande ? l’intervenant ou le public ?
- Pourquoi ? pour se nourrir en tant qu’artiste (n’est ce pas fondamental ?), pour les autres (altruisme ), pour les musiques actuelles ?
- Comment ? co-construction, négociation, places différentes (et ensembles), langages différents et nécessité de faire ensemble. Ne pas oublier la vertu de la durée.
- Avec quels enjeux ? la reconnaissance et valorisation de ce type de projet a beaucoup avancé mais cela reste encore un travail largement largement souterrain. La place de ces démarches dans le parcours d'un artiste est un point qui reste assez clivant.
Si le coeur des débats étaient vraiment tourné vers le monde professionnel des musiques actuelles, ces journées ont réuni des personnes de profils très divers, artistes, administrateurs, directeurs de conservatoire, fonctionnaires territoriaux, représentants du Ministère de la Culture, élus locaux. L'occasion d'échanges riches et de prises de contact intéressantes. FUSE y avait toute sa place notamment sur les questions de public et de co-construction.
Merci donc à la Fédélima, au réseau RPM, au RAMA (réseau Aquitaine des Musiques Actuelles) et à Avant Mardi (réseau Midi Pyrénées des musiques actuelles) pour la qualité des débats.
Un grand coup de chapeau à toute l'équipe du Florida pour la formidable organisation et la super soirée d'anniversaire de jeudi soir.