Chantons sous la pluie
Fête de la musique 21 juin 2013, François Hollande "pour montrer que la place de la culture dans notre pays, [ce n'est] pas simplement comme une émotion partagée, un bonheur, un rassemblement mais aussi comme un investissement pour l'avenir"

Bravo monsieur le Président: Ces propos ne sont-ils pas aussi plaisants qu'un rayon de soleil ?

Mais des intentions aux réalisations, il y a souvent un gouffre. Il est urgent de faire le lien entre cet élan d'investissement et la réalité à laquelle sont confrontés les étudiants du spectacle vivant .

Plusieurs décisions et déclarations fragilisent l'enseignement artistique et ses spécificités. La baisse sévère des dotations de l’état (-25%) en a été un premier acte. La disparition des bourses destinées aux grands élèves des  conservatoires en a été un second. Même si un dispositif de substitution d’aides individuelles a fini par être mis en place, il est optionnel pour les DRAC (et trop d’élèves vont se retrouver le bec dans l’eau en régions Aquitaine, Basse Normandie et  Rhône Alpes...)

Alors quand M. Ambroise Dupont, sénateur de Normandie, demande à la ministre de la fonction publique de réformer le statut des enseignants de conservatoire afin qu’ils puissent intervenir comme animateurs de colonies de vacances durant la fermeture des établissements (jo du sénat), la moutarde nous monte au nez : pourquoi tant de haine envers ces professionnels dont la situation (statut ne reconnaissant pas le niveau d'études et de compétence, trop d'emplois précaires et de temps partiels subis etc.) est loin d'être si enviable !

Les conservatoires et les artistes qui y enseignent ont, notamment dans le contexte de la réforme des rythmes éducatifs, beaucoup à apporter en compétences et en propositions.

Nos orchestres, nos opéras, nos théâtres, nos ballets et toute la vie artistique du pays ont besoin de professionnels formés et d’amateurs autonomes dans leur pratique artistique.

Les conservatoires sont des centres de ressources d’une grande richesse. Il semblerait sage en ces temps de disette budgétaire, de valoriser et d'utiliser les savoir-faire et les spécificités en place plutôt que des les assécher et de les désespérer .

La France vient de se battre bec et ongles pour sauvegarder auprès de la Commission européenne et du Conseil, l’exception culturelle dans le cadre des négociations sur le libre-échange avec les Etats-Unis. Et c’est tout à son honneur.

Nous serions extrêmement fiers et soulagés si nous sentions autant d’énergie et de conviction pour promouvoir l’enseignement artistique et nous irions alors avec allégresse, chanter sous la pluie !

Fanny Reyre Ménard

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Mis à jour le 21/06/2013 - Article archivé