Cela va devenir un classique : comment les collectivités territoriales peuvent-elles faire pour pallier les financements extérieurs en berne de leurs conservatoires? Et au delà de cette question financière, c'est bien celle de la place donnée par la collectivité à l'enseignement des arts du spectacle vivant qui se pose.
Ces questions sont extrèmement présentes en ce moment et cela risque de durer : car même si ces structures sont financées très largement par les villes ou communautés d'agglomération (elles nous l'ont assez fait remarquer), elles bénéficiaient de financement certes marginaux mais finalement indispensables d'autres collectivités territoriales (départements et régions) et de l'Etat dans le cas des CRR et des CRD.
Nous avons longuement parlé déjà des baisses et de la disparition à venir des aides directes de l'Etat et regretté fortement le message symbolique de ce désengagement. En revanche la fonte des aides départementales s'est faite plus discrète car ce sont des décisions prises au cas par cas ; mais elle est encore plus préjudiciable aux conservatoires : les aides apportées notamment aux conservatoires à rayonnement départemental (CRD) étaient bien plus importantes que celles de l'Etat
Le conservatoire du Val d'Yerres dans la tourmente
Ce sont les demandes répétées faites par le conseil communautaire à la direction du conservatoire de propositions permettant d'alléger le budget conservatoire, propositions systématiquement refusées qui ont mis la puce à l'oreille des usagers. Au delà des questions posées, il ne semblait pas qu'il y ait une volonté d'y apporter des solutions : allait-on alors vers la disparation inéductable de l'établissement ?
Les usagers autour de l'association des parents d'élèves (Ardamuse) se sont mobilisés: actions, manifestations, pétition papier et en ligne, communiqué de presse repris dans la presse locale et nationale... L'importance de cette mobilisation montre bien, s'il en était encore besoin, qu'un conservatoire rayonne bien au delà des élèves qui y sont inscrits.
Monsieur Dupont Aignan, président de la communauté, vieux briscard de la politique, n'a pu faire abstraction de cette mobilisation. Il a affirmé publiquement que bien évidemment son souhait n'était pas de faire disparaitre l'établissement mais que celui-ci devait évoluer pour faire face à la fonte de ses budgets : l'agglomération ne compenserait pas les subventions disparues.
Force est de constater qu'il y a bien un dialogue de sourds entre lui et les usagers. L'annonce de la disparition des classes à horaire aménagé pour la rentrée prochaine, dispositifs faisant pourtant partie des critères obligatoires pour le classement en conservatoire à rayonnement régional est un mauvais indicateur.
Quant aux pistes annoncées pour faire évoluer l'établissement : la création d'un département "loisir" et l'abandon des cours individuels avec pour objectif une meilleure rentablité, ainsi que la volonté d'avoir des intervenants moins qualifiés afin de pouvoir faire baisser la masse salariale : cela ressemble fort à un projet pédagogique uniquement axé sur un souci de rentablité financière. On comprend bien que tout ceci ne rassure en rien les usagers.
On peut regretter également que l'Etat, et ses services déconcentrés, tout comme l'inspection du ministère de la Cuture se montrent aussi discrets sur cette question.
Encore une fois, affaire à suivre...